Des Bretons chez les Boers

À la fin du mois de mai 1900, quand il débarqua à Lourenço Marques, au Mozambique, les Républiques boers avaient cessé d'exister, la guerre classique s'achevait et la guerre de brousse, la guérilla, débutait. Au mois de juin 1900, Robert de Kersauson servit quelques jours sous les ordres du capitaine de Kertanguy avant de rejoindre le kommando de Middelburg avec lequel il participa à plusieurs combats. Au mois d'octobre, il fut versé dans le kommando Theron, l’élite de l’armée boer et il suivit Christiaan De Wet dans ses deux tentatives d'invasion de la Colonie du Cap en décembre 1900 et en février 1901. Le 9 février 1901, il rejoignit Manie Maritz qui avait reçu pour mission de tenter de soulever les Afrikaners vivant dans la Colonie du Cap. En juillet 1901, ses chefs l'envoyèrent en Europe afin d'informer les représentants boers de la réalité de la situation en Afrique australe. Il rendit compte au président Kruger, réfugié en Hollande, puis il retourna en Afrique du Sud. Ayant gagné au feu ses galons d'adjudant puis de lieutenant, il participa activement à la guérilla sous les ordres de Manie Maritz, harcelant l'armée britannique, désorganisant ses arrières. Son kommando prit des villes, fit dérailler des trains, souleva les fermiers afrikaners. La paix signée, il rentra en France afin d'y régulariser sa situation militaire. Étant insoumis puisqu'il n'avait pas effectué son service militaire, il était en effet passible du Conseil de guerre. Le général C.R. De Wet, son ancien chef, intervint auprès des autorités françaises et l'affaire fut classée. Robert de Kersauson fut incorporé au 7e régiment de dragons à Fontainebleau le 14 novembre 1902. Il fit la campagne de Madagascar du 10 mars 1903 au 13 juillet 1903 et, le 19 novembre 1903, il passa dans la réserve. Robert de Kersauson fit une brillante guerre de 1914-1918. Mobilisé comme chef de bataillon le 2 septembre 1939, Robert de Kersauson rejoignit son régiment en Algérie. Le 14 février 1940, atteint par la limite d'âge, il fut renvoyé dans ses foyers. Peu après, Robert de Kersauson et son épouse Marie-Louise décidèrent de s'installer en Afrique du Sud, à Franshhoek où Robert exploita une petite ferme fruitière. Invalide dans les dernières années de sa vie, il mourut le 11 juin 1971, son épouse le suivant de quelques mois dans la mort s’éteignit le 17 mars 1972. Tous deux reposent dans le petit cimetière de Franshhoek qui jouxte le Musée Huguenot. Durant toute sa guerre sud-africaine, Robert de Kersauson a tenu un journal qui été retrouvé en 1987 dans les archives sud-africaines par Bernard Lugan ("Robert de Kersauson, le dernier commando boer").

Tiré de l'Afrique Réelle numéro 19.