Les bretons pendant l'esclavage (notamment Nantes)

Le trafic triangulaire?

Je ne sais rien du rôle spécifique des Bretons dans ce trafic. Simplement que ce trafic a été source de grand enrichissement pour ceux qui le pratiquaient, principalement les ports de Nantes et Bordeaux, mais je n'ai pas étudié spécialement cela.

Au super marché où je fais mes courses, j'ai trouvé ce matin un petit livre sur Nantes (éd. Nathan; collection "petite bibliothèque Thalassa"), et voici ce que j'ai trouvé concernant la traite des esclaves:

Au début du XVIIIème siècle, le port de Nantes était en pleine ascension commerciale (grâce au sucre des Antilles), mais son importance va augmenter du fait qu'il s'engage dans le commerce triangulaire, et Nantes va devenir la capitale française de la traite négrière. (notons que le port de la Rochelle arme pour la traite depuis 1643)

De 1707 à 1721, Nantes s'engage d'abord dans ce nouveau commerce avec prudence mais arrive à partir de 1713 à armer 15 navires négriers par an, soit 75% de la flotte française. Ce trafic est aux mains d'une poignée de négociants et armateurs, la plupart issus de familles d'origine extra-nantaise.

De 1722 à 1744, le trafic ralentit et tombe à 50% du total français.

De 1745 à 1762, les affaires reprennent mais Bordeaux a remplacé Nantes à la 1ère place.

Puis l'activité décline, Nantes ayant perdu de nombreux navires lors de la guerre de sept ans; les gros négociants préfèrent alors investir dans un commerce moins aléatoire et moins coûteux.

Sur l'ensemble du XVIIIème siècle, les Nantais ont transporté près de 450 000 esclaves africains, soit environ 7,5% des 6 millions du total- soit 42% de la traite française.

La Révolution fait entrer l'activité de Nantes en récession, et c'est la traite qui va lui donner un second souffle. Elle va durer de 1802 à 1830, bien qu'elle soit entre-temps devenue illégale (idem pour Bordeaux). Matelots et capitaines risquent alors de lourdes peines, ce qui va finir par provoquer l'arrêt de ce trafic. Entre 1814 et 1830, le port a déporté environ 50 000 Africains.

Les navires négriers partaient vers les côtes d'Afrique, où l'on troquait tissus, eau-de-vie, armes, pacotille... contre hommes et femmes faits prisonniers par les autochtones des régions côtières lors de razzias dans l'intérieur des terres. Ils faisaient alors la traversée vers les Antilles où la cargaison humaine était déchargée et vendue; mais les négriers étaient également payés en divers produits, surtout du sucre. Et c'est de retour au port qu'avait lieu la transaction commerciale qui rapportait le plus de bénéfices: la vente de ces produits, qui compensait largement les frais engagés et les pertes éventuelles.

Le trafic s'étalait sur toute l'année, avec cependant une période plus intense: la fabrication du sucre s'achevant vers Octobre, les négriers s'organisaient en conséquence.

Quant à l'estimation exacte de la participation des Bretons, je pense qu'il faudait étudier cela de manière précise, voir si les grandes familles de négociants et armateurs étaient d'origine bretonne ou nantaise, par exemple. Mais je pense qu'il y a eu une participation diffuse de beaucoup de monde: marins et capitaines, et les hommes qui surveillaient les esclaves embarqués, et ceux qui négociaient en Afrique et s'entendaient avec les chasseurs d'esclaves, et les fabricants des produits échangés en Afrique, et ceux qui achetaient les produits des Antilles, le sucre denrée de luxe... personnes ne devait se poser trop de question sur la moralité de ce commerce particulier...

Notons que les législateurs de la Révolution avaient aboli l'esclavage, mais qu'il a été rétabli sous l'Empire (il y avait trop de profits à faire), avant d'être définitivement aboli en 1848 (plusieurs années après que la traite ait été déclarée illégale).

Voilà tout ce que je peux dire sur cette question. J'ajoute simplement que je croyais que la Normandie avait été exempte de ce trafic; et bien pas du tout: je viens de lire dans une revue que le port de Honfleur (à 80 km de chez moi) y avait également participé!

J'ai dit que personne ne se posait sans doute de question... Mais il y avait des gens pour réagir et désapprouver. Je pense au texte de Montesquieu "Si j'avais à défendre le droit..." où il fait semblant de reprendre les arguments des esclavagistes et où il termine en insinuant que des gens qui en réduisent d'autres à l'état d'esclaves ne méritent pas d'être appelés chrétiens... Montesquieu était lui-même de Bordeaux, il savait donc de quoi il parlait.

Oula, oula! mille excuses pour la bévue... Mais effectivement, je pensais qu'à l'époque les Nantais étaient Bretons...

Flute, j'ai peut-être encore gaffé!

Je crois de toute façon que bien plus de gens que les Bretons furent concernés... cela touchait d'autres pays européens. On sait que cela eut lieu, mais je crois qu'il ne faut pas pinailler sur tels ou tels...

Et mieux vaut savoir qu'ignorer, cela peut éviter de reproduire les mêmes erreurs!