Quand peut on dire que l'on parle une langue ?

lu,

Moi qui adore les questions a débat, en voici une intéressante!

d'après vous, quand peut on dire que l'on parle une langue ? a quel moment on peut "s'autoriser" de dire cela ?

quand on arrive a dialoguer avec une autre personne ?
quand on est capable de jouer avec les mots et expressions ?
quand on arrive a imager a travers des mots ?
....


vous aller me dire : "chacun voit midi a sa porte" mais du point de vue d'un linguiste, quand ?

Je dirais quand on se sent chez soi dans cette langue

Quand on se coupe en se rasant !

JCE

quand t'arrives à te faire comprendre dans la majorité de tes interventions avec ? ça me parait bien non ?

j'ai beau dire que je parle le français, j'arrive pas forcément à exprimer d'un trait toutes mes pensées, j'arrive pas forcément à me faire comprendre dans chacune de mes interventions, j'arrive pas non plus à comprendre tout ce que l'on me dit en français, etc.

après si on parle d'un point de vue littéraire/esthétique, c'est différent, ça implique peut être de savoir effectivement jouer avec toutes les significations/images d'un énoncé, d'un mot, etc. contenus dans une "langue"

On apprend une langue pendant toute sa vie et quand ta vie s’achève il en reste toujours à apprendre donc...

wai voilà

la communication est, je pense, le critère le plus important, si tu te fais comprendre majoritairement avec ton (tes) breton(s), tu peux dire que tu maîtrises

Quand on peut dialoguer naturellement, avec plaisir, sans chercher ses mots, ses phrases.

Douar_Nevez a écrit:

Quand on peut dialoguer naturellement, avec plaisir, sans chercher ses mots, ses phrases.

boarf, en français, ça vous arrive jamais de chercher vos mots et vos phrases pour exprimer votre pensée ?

Si, on cherche ses mots, mais dans une langue qu'on ne parle pas bien, souvent on doit carrément laisser tomber ce qu'on a à dire faute d'arriver à l'exprimer clairement. Normalement dans une langue qu'on parle bien on trouve toujours un moyen de se débrouiller...

Douar Nevez : kontant on é welet ac'hanoc'h en-dro :-)

Mersi bras deoc'h Quevenois.

Pour ce grand sujet de philo, je dirais que l'on parle une langue quand :

- on pense dans cette langue,

- on rêve dans cette langue,

- on réagit par des propos spontanés dans cette langue.

Ce dernier aspect me rappelle un propos d 'il y a déjà assez longtemps, dont j'ignore l'auteur, mais qui disait à peu près ceci :

"Quand je veux parler d'affaires, je parle en anglais; quand je veux faire peur à quelqu'un, je parle en allemand; quand je veux faire de la poésie, je parle en italien; quand je veux faire le pédant, je parle en français;... et quand je me coupe en me rasant, j'utilise ma langue maternelle".

Vous rectifierez au besoin.

Ma question est donc : combien de ceux qui prétendent parler breton, ici, sortent des gros mots ou des injures, en breton, spontanément, après s'être coupés en se rasant, après s'être donné un coup de marteau sur les doigts, ou après avoir marcher sur une bouse ?

Pour les femmes, ça peut être à cause d'autres choses.

Ce mot spontané est révélateur de la langue dans laquelle on pense.

JCE

moi, je dis "gast" des fois spontanément, c'est bon ?

intéressant ce que tu dis JC, je pense que tu vas lancer le débat là !

et moi je dis kaoc'h, quand je fais une bêtise ça doit être bon aussi !

Je pense que ce que tu dis est tout à fait exact Jean Claude. Une de mes profs de breton nous disait toujours de penser en breton dès le saut du lit le matin mais cela m'arrive rarement.

Jean-Claude EVEN a écrit:

Ma question est donc : combien de ceux qui prétendent parler breton, ici, sortent des gros mots ou des injures, en breton, spontanément, après s'être coupés en se rasant, après s'être donné un coup de marteau sur les doigts, ou après avoir marcher sur une bouse ?

Wai bof, je dis "gast" spontanément dans certains cas et je suis loin de pouvoir assurer toute une conversation en breton.

Je vois pas ce que le rêve vient faire là dedans...

en meme temps, j'ai jamais entendu mes grands parents sorti des injures en breton spontanément !

les définitions que donne JC sont des éléments d'ordre psycholinguistique, or, le langage étant par définition social, il faut donner des arguments d'ordre sociolinguistique (comment ça je défends ma chapelle ? mais non )

En général, si l'on suit la définition de JC Even on "parle" rarement une autre langue que sa langue maternelle.
Mais je pense quon peut en parler d'autres, apprises, même si on est reconnu comme étranger quand on les parle.
On sera toujours un cran derrière les locuteurs maternels, mais c'est bien mieux que rien.

ben moi, j'ai de la famille en Asutralie, ma soeur a épousé un australien, elle parlait pas anglais quand elle est venue la 1ere fois en australie il y a bien longtemps

et c'est vrai que maintenant, elle reve en anglais

Bon moi j'ai pas besoin de m'interroger pendant des heures pour savoir quelle est ma langue : c'est un français mélê de gallo pour la réflexion et à l'oral un français que j'essaie au mieux de parler "classiquement" en société et chez moi un français de "base".

Salut tout le monde.

De toute façon, il s'agit là d'une question qui a beaucoup fait gloser les philosophes depuis longtemps.

Pour poursuivre l'exemple de la soeur de Mul, je peux raconter cette anecdote, tout à fait personnelle :

Je rentrais d'un voyage de plusieurs jours en Angleterre, de Plymouth à Roscoff. Je vais à la cafétaria pour prendre une collation. Quand la caissière me tend le ticket en me disant le prix, je lui demande : "Pourriez vous me le dire en français, s'il vous plait". Elle me répond : "Mais je vous l'ai dit en français, monsieur".

En fait, il s'avérait que je pensais alors encore en anglais !

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Pour ce qui est des gros-mots et autres injures spontanées, en breton, je témoigne que mes exemples vivants se sont arrêtés avec la disparition des derniers locuteurs réellement natifs en langue bretonne.

Bien entendu, d'autres, non natifs en langue bretonne, peuvent utiliser k(a)oc'h, gast, et autres. Mais j'ai eu le sentiment que dans bien des cas, c'était une forme de snobisme, comme certains ponctuent leurs phrases finales d'un Kenavo, le seul mot qu'ils connaissent peut-être en breton. Evidemment, ce n'est pas pour cela qu'ils parlent breton.

JCE

Je connais plein d'anciens qui jurent spontanément en breton ici, et moi aussi bien souvent je jure en breton (ça évite aussi d'être compris dans certains cas).

Alors ça c’est la technique de mes parents lorsqu’ils ne voulait que l’on comprennent ils nous parlaient en breton

'jour,

mul a écrit:

moi, je dis "gast" des fois spontanément, c'est bon ?

Bof !!!! Moi aussi, je dis GAST spontanément. Et pourtant, je ne parle pas le breton. Mais je dois être snob. Pourtant, je le dis quand je suis tout seul. Bizarre, n'est-il pas?

Mauvais critère, je crois.

En revanche, il m'arrive de voir à la télé des étrangers qui, sans doute, rêvent dans leur langue maternelle ( allemand, anglais, wollof, hébreu, etc.), et qui parlent un français impeccable, bien supérieur au parler de bien des français. On peut dire qu'ils parlent notre langue, non?


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Dat veniam corvis, vexat censura columbas

Pourquoi on pourrait pas? On peut savoir parler une autre langue que sa langue maternelle... je vois pas la raison de ton interrogation...

Le fier boucanier a écrit:

et qui parlent un français impeccable, bien supérieur au parler de bien des français.

Quels sont tes critères pour juger que le "parler de bien des français" est, dans ton échelle de classification, tout en bas et que le "français impeccable" est il, tout en haut ?