Le miroir au fées
Le Val sans retour également appelé Val des faux amants, que je m'apprêteà vous faire découvrir, n'échappe pas à cet esprit. Il doit son nom au sort que Morgane, sœur du roi Arthur et fée de son état (rien moins), jeta sur les lieux afin de retenir prisonnier son infidèle grand bêta de chevalier Guyomard qui lui préféra une gente damoiselle parfaitement humaine, elle. Bien d'autres suivirent, la fée étant dotée d'un tempérament fort chaud pour l'époque (laquelle au juste?). Il en va de la sorte pour tous les amants infidèles en acte ou simplement en pensée; prisonniers de cette forteresse d'air ils y errent pour l'éternité croyant être dans un univers de plaisir, perdant toute notion du temps. C'est bien les mecs, ça...
PArcours :
Bien qu'on en rencontre parfois, les VTT ne sont en principe pas autorisés à parcourir les chemins du val. C'est donc à pied qu'il faut envisager cette visite. Du reste, le but principal de cette ballade n'est pas d'écraser un record (on a toute la semaine pour ça), mais de contempler un joyau naturel qu'il est nécessaire de préserver. On peut ainsi choisir d'attacher sa licorne ou de garer sa limousine près du village de la Touche Guérin -1- où un espace dégagé s'improvise en parking. Vous accédez à un plan de situation et de parcours en cliquant ICI.
Prenons le chemin pierreux à droite au fond du parking. Quelques centaines de mètres plus loin, le large chemin oblique sur la droite, poursuivons. Rapidement, nous arrivons à une bifurcation sur la gauche -2- petit sentier qu'il faut emprunter pour rejoindre le Val sans Retour.
Laissons ce sentier pour l'instant, nous y reviendrons. Poursuivons tout droit le large chemin et après un escarpement rocheux, apparaît ce que l'on nomme l'Hotié de Viviane, Maison de Viviane ou Tombeau des Druides -3-. Il apparaît sous la forme d'un dôme (cairn) de 12m de diamètre au centre duquel est enchâssé un coffre (chambre mortuaire) formé de plaques de schiste pourpre, pierre commune dans le secteur. Point de fée ni de druide en ce lieu qui n'en est pas moins intéressant. Des fouilles réalisées en 1982 ont révélé la présence de haches de pierre polie de diverses natures, meules à grain, vestiges de poteries, d'ornements; tout un inventaire assurant le confort d'un infini voyage. Ce matériel daté d'environ 2500 ans avant JC est un précieux témoins des échanges commerciaux en cette fin de néolithique.
Un coup œil panoramique s'impose car la situation élevée, non du personnage inhumé ici, mais de la colline offre une vue splendide sur les landes et les reliefs rocheux.
Retour au point -2- où cette fois nous prenons à droite un sentier dans les herbes hautes. Chaque période de l'année offre un nouveau spectacle, mais le plus accompli, le plus varié (le plus racoleur ?) nous est probablement offert au printemps, quand le délicat nuancier des verts s'accorde avec l'explosion dorée du genêt en fleurs qui rivalise un temps trop court avec l'ajonc. Sous le ciel tourmenté, un champ d'asphodèles donne le répons aux rochers de schiste rouge, parfois bruns selon le temps; même le minéral semble animé. Poursuivons notre balade en suivant le sentier qui bientôt nous descend à la Vallée des Portes -4- après avoir traversé une zone un peu plus boisée. Obliquons légèrement sur la gauche et un peu plus tard nous voilà dans le val sans retour proprement dit. On prend à gauche pour suivre la vallée par le côté sud. Impossible de se perdre, il nous suffit de suivre le petit ruisseau de Mouille-Croûte, impétueux et envahissant en période humide, parfaitement sec les étés chauds où il nous dévoile son lit constitué de caillasses arrachées au socle.
Nous arrivons à un endroit où la vallée s'élargit, révélant des parois rocheuses impressionnantes. Un étang calme et sombre, niché au creux des rochers nus est formé par la première de quatre retenues , celle-ci a été restaurée. Continuons à suivre le ruisseau qui, après le barrage, prend une étonnante couleur ocre-rouge, liée à la présence d'oxyde de fer. A la vision de cette eau, pas étonnant que cet endroit ai suscité tant de récits étranges. Un peu plus loin en aval, une seconde retenue en partie détruite, laisse à penser que nous sommes là sur le fond d'un ancien étang. Le ruisseau est jonché des pierres de cette ancienne digue.Quelques dizaine de mètres après la seconde digue, s'ouvre sur notre gauche la large vallée de Porgoret qui s'étend vers le Sud-Est. Cette vallée sauvage et superbe est relativement accessible, pour peu que les fougères grand-aigle ne soient pas trop développées. Elle peut faire à elle seule l'objet d'une petite randonnée, tant elle donne accès à de magnifiques points de vue sur tout le site. Les hauteurs auxquelles on accède par cette vallée sont constituées de landes sèches, royaume de la discrète Thècle de la Ronce, petit lépidoptère vert jade, de l'Argiope Fasciée, du lézard vert et j'en passe: tout un peuple de farouches bestioles qu'il convient de ne point trop déranger. Des éperons rocheux surgissent ça et là, révélant autant de dragons enfouis sous le sol. D'autant plus magnifiques sont ces landes, qu'elles sont très peu fréquentés contrairement au Val sans Retour lui-même, qui souffre quelque-peu de son succès en période estivale. Il n'est pas inutile de rappeler q'un infini respect est de mise pour mériter cette visite.
Nous étions, me semble t-il restés devant l'entrée de Porgoret, il nous faut maintenant poursuivre vers l'étang du Miroir aux Fées que nous atteignons bientôt. Bien beau nom pour cet étang que dominent les mêmes parois rocheuses qui nous ont accompagné jusqu'ici.
Par la dernière digue, passons du côté nord du val et là bien-sûr, impossible d'ignorer cet arbre d'or oeuvre du peintre François Davin -5- érigé après les grands incendies de 1990. Remontons maintenant le versant nord en admirant les énormes blocs schisteux nervurés de quartz. Nous remontons la vallée dans le sens inverse du départ, mais le même paysage sous un autre angle de vue, s'avère radicalement différent, nous dominons maintenant l'ensemble et la perception est toute autre.
En suivant la crête, nous passons à nouveau devant le premier étang. Il faut alors emprunter un sentier escarpé -6- qui nous ramène au fond de la vallée à peu-près à la bifurcation de la vallée des Portes et du Val sans Retour. On peut alors choisir d'emprunter le large chemin vers la gauche qui parcours de beaux sous-bois, contrastant avec l'aridité des landes du Val. On rejoint ainsi le village de la Touche Guérin, notre point de départ. L'itinéraire proposé ici est juste indicatif et doit être adapté selon chacun. De nombreux sentiers adjacents serpentent un peu partout, plus ou moins praticables selon l'époque de l'année, ils donnent accès à de superbes spectacles, en particulier sur les hauteurs de Rauco, Porgoret, la vallée du gros chêne au relief tourmenté