Concernant Belle-Ile-en-Mer, je signalerai que Patrick Le Besco a fait dans les années 1980 une thèse sur le breton parlé à Belle-Ile en Mer qui se rattache bien entendu au vannetais mais qui possède une phonétique bien spéciale. A l'époque où il a fait sa thèse il a encore trouvé sur l'île pas moins de 5 locuteurs dont il a fait des enregistrments. C'est donc tout recemment que le breton s'est éteint à Belle-Ile.
Cependant le questionnement de Leny ne me surprend pas car beaucoup de gens pensent qu'on n'a jamais parlé breton à Belle-Ile. Preuve : je suis allé une fois à Belle-Ile en 1996 et j'ai pris un bus pour faire le tour de l'île. Le chauffeur qui commentait la visite a soutenu dur comme fer que non seulement personne ne parlait breton à Belle-Ile mais qu'on ne l'a jamais parlé. Je me suis empressé de le contredire mais il est resté sur ses positions et a continué à réciter sa leçon de l'Office du Tourisme.
Par contre et vous m'excuserez de revenir au sujet qui fâche, il existait sur l'île de Groix un village, Kerrohet, qui n'était pas bretonnant mais gallésant. c'était le reste d'une enclave datant du moyen-âge. Au XIXème siècle, les enfants n'y savaient pas le breton car ils ne parlaient que gallo à la maison. Les garçons l'apprenaient en mer, sur les bateaux et les filles au catéchisme qui était en breton à cette époque. Ceci n'est pas une fantaisie mais le témoignage d'un vieux prêtre de Kerrohet, l'Abbé Gourrong, qui dans sa jeunesse, vers 1860, ne savait pas le breton mais que le gallo. Ce témoignage a été recueilli par Alan Raude en 1942 peu avant sa mort.
Comme on le voit la situation linguistique de la Bretagne est plus compliquée qu'il n'y paraît de prime abord.