Si vous passez du côté de Treffieux ou d'Issé, non loin de Châteaubriant, prenez bien garde de ne pas déranger le Serpent de la Forêt Pavée. Fait-il sept mètres ? A-t-il sept têtes ? Il n'est pas recommandé de chercher à en savoir davantage car le monstre, domicilié à l'étang Neuf, s'amuse à poser d'extravagantes questions aux gens qu'il rencontre et à gober d'un seul coup tous ceux qui n'apportent pas la réponse qu'il désire.
Méfiez-vous aussi des vélins qui pullulent dans les bois et souvenez vous de la mésaventure de ce bûcheron qui, un jour, voulut en débarrasser les bois de la Croix Merhan, entre Nozay et Marsac : un à un il les appela, par leur nom, mais il eut le malheur d'en oublier un, caché dessous les fascines ; celui-ci, pour venger la mort de ses congénères, poursuivit le bûcheron jusqu'au moulin à vent de Toulon, près de la route de Puceul.
Le bonhomme était là, barricadé, incapable de sortir. Pour sauver sa vie, il consentit à donner au monstre quelques gouttes de son sang. Il passa donc un orteil par la chatière de la porte et le serpent pu ainsi se gaver du sang de l'homme, qu'il laissa pour mort.
Et c'est depuis lors que les serpents peuplent à nouveau les fourrés.
Les loup-tigres :
La forêt de Domnesche, dit-on, recelait de féroces loups-tigres qui s'attaquaient aux bûcherons et aux promeneurs, surtout aux enfants. Mais il est dans la région une autre sorte de loups, plus malins, plus solitaires : ce sont les garous.
Homme le jour, le garou ne devient loup qu'à la nuit, entre l'Angélus du soir et celui du matin. Le garou est un peu sorcier, s'enduisant le corps d'un onguent, quand la nuit est venue. L'onction, progressivement, opère le maléfice, et le garou peut s'échapper dans les forêts, landes et taillis, prairies et moissons. De l'homme il garde la pensée et la parole. Du loup l'avidité, la cruauté, le goût de courir des lieues et des lieues la même nuit sans fatigue.
Le plus célèbre était Joson Brasdane qui habitait sur les landes du Drouillays. Dans ses courses nocturnes il aimait faire le tour de la forêt de Juigné, se désaltérer dans la Chère, et rejoindre son ami de Carbay qui garouyait comme lui. Souvent, il se rendait au village de l'Alleud en Soudan, pour y faire peur à un paysan, Tennerel, qui avait dénoncé son pouvoir. "Il allait donc à cette métairie hurler sous les hussets ou par le haut des cheminées, en montant par les escaliers de pierre qui vont aux chambres hautes, et les gens pelotonnés sous les couvertures se mouraient de peur aux hurlements de la bête nocturne", raconte J. Chapron, un historien de notre région qui sait de quoi il parle.
La grande peur des garous est double : d'abord de n'être pas rentré avant l'Angélus du matin et de ne pas retrouver à temps l'ingrédient "l'électuaire à faire revenir" ; ensuite de mourir lors d'une course de garouyage : s'il meurt dans la peau d'un loup, c'en est fait de son salut éternel.
Joson Brasdane, le garou, mourut ainsi une nuit, abattu par Tennerel qui avait chargé son fusil de balles bénites.
Trésors :
Châteaubriant était autrefois une terre à trésors, comme il en existe partout où il y a de vieux châteaux, des buttes de terre, des menhirs, des dolmens.
On croit qu'il y en a eu dans le donjon du château de Châteaubriant, sous le château du Bé à Nozay, sous les ombrages du châtaignier des Nonneries à Abbaretz, sous la butte du Buron à Issé, sous l'ancien camp de Moisdon-le-Rivière ou dans le vieux chatellier de Domnesche.
De tout temps, les paysans ont convoité ces richesses mais ne se sont pas enhardis à les prendre, de peur du diable. En effet, prenez garde si vous en trouvez un, car tout trésor confié à la terre reste seulement 30 ans en possession de celui qui l'a caché. Ensuite s'il n'a pas été relevé, il passe pour 100 ans en la possession du Malin. Puis 30 ans encore à la postérité du premier possesseur, puis 100 ans au diable … et ainsi de suite !
De temps en temps, pour leur faire prendre l'air et le soleil qui fait briller les diamants, le diable fait surgir ses trésors à la surface de la terre. Qui aurait la chance de se trouver là devrait jeter dessus un objet béni : mais on n'a pas toujours un objet béni sous la main. Alors le diable donne à son trésor l'apparence de matières viles : tas de pommes pourries, monceaux de charbon, nœuds de vipères et grouillements de crapauds.
On dit qu'il y avait ainsi un magnifique trésor sous le dolmen qui se trouvait au centre du cromlech du Grée de la Piette au Petit-Auverné, non loin de Châteaubriant . Deux personnes l'ont vu, mais le diable en personne, empêcha qu'ils s'en saisissent. Depuis, des savants ont fouillé les lieux. Ils n'ont trouvé que des fragments de poterie. Le diable avait sûrement trouvé une autre cache.