En breton on utilise souvent des verbes à la place des noms français, on utilise souvent des noms apposés à la place des adjectifs bretons. Beaucoup d'apprenants ne l'ont pas remarqué, faute d'étudier le parler (ou les écrits) des bretonnants de naissance, d'où la prolifération des noms abstraits en -ezh, -erezh, -adur, -adurezh etc, qui n'existaient pas avant car en breton bien souvent on exprime les choses autrement. Pareil pour les adjectifs en -us, -ek et surtout -el, qui sont bien moins nombreux en breton traditionnel (ceux en -el se comptent presque sur les doigts d'une main, en fait).
D'une façon générale, le français utilise quantité de mots abstraits et alambiqués, le breton dit les choses plus clairement (y a pas de jargon ridicule pour faire croire qu'on dit des choses intellectuelles alors qu'en fait on dit des choses anodines).
Quand on traduis un texte français en breton, surtout quand y a du politikaj dedans, on commence déjà par voir "qu'est-ce que ça veut dire, en français normal?" (le plus clair et le plus simple possible). Ca évite beaucoup de gallicismes.
En plus de ça le breton a plein de tournures spécifiques (qu'on peut voire dans Jules Gros et quelques autres livres mais aussi et surtout avec les anciens directement, qui souvent sortent des phrases qu'on comprend mais que nous, apprenants, n'aurions jamais pensé à exprimer comme ça. Ca s'apprend à force d'imprégnation...).
Ce qu'il faut penser aussi, quand on se sert d'un dico, c'est qu'un mot français peut avoir plusieurs sens, et en général ces différents sens se traduisent tous par un mot différent en breton. Du fait que les dicos bretons les plus usuels ne prennent pas ça en compte (dico de R.Hemon/R.Huon, qui donne différentes traductions possibles sans dire dans quel cas on les utilise) ou ne sont pas clairs, les traducteurs utilisent souvent des mots qui veulent dire autre chose.
Exemple : un point de grammaire : ur c'hraf yezhadur. Sauf que "kraf", c'est bien un point, mais un point de couture... Mais le dico n'a pas précisé dans quel sens il fallait utiliser "kraf", donc le traducteur n'y a pas réfléchi et a cru que tous les sens du mot "point" se traduisaient par le même mot en breton (c'est un peu naïf car ça n'est le cas dans aucune langue).
Ce qu'on met en début de phrase, c'est surtout les éléments nouveaux d'un récit, ou la réponse à une question. Pour souligner l'importance d'un élément, on a d'autres moyens (et puis quand il y a plusieurs éléments importants, comment on ferait?).